Nous étions 10 pour ce cent-soixante-quatorzième atelier de lecture, autour du « Chant du Prophète » de Paul LYNCH.
La quatrième de couverture, nous apprend que ce roman est une dystopie, c’est-à-dire une fiction qui décrit un monde imaginaire très sombre. Le meilleur exemple en est «1984 » de George ORWELL.
Et, en effet, cette Irlande où se passe l’action devient très sombre.
A la suite des élections démocratiques, un parti d’extrême droite accède au pouvoir. La population est d’abord incrédule car la démocratie la protège. Mais une grève des enseignants est réprimée violemment.
L’auteur choisit le point de vue d’une mère de famille dont le mari vient d’être arrêté par une nouvelle police secrète, le fils aîné s’est engagé avec les insurgés, la fille cadette en pleine crise adolescente, le fils cadet en colère contre tout le monde, un bébé
dont la fille va s’occuper de plus en plus et un père qui perd de plus en plus la mémoire. Pour elle se pose un dilemme cruel, (comme ils le sont tous), doit- elle quitter
l’Irlande et rejoindre sa sœur au Canada ?
On trouve la mère quelque peu insupportable par rapport à ses responsabilités de chef de famille. Son père semble plus lucide qu’elle. Et elle ne s’en sort que grâce à l’argent que lui envoie sa sœur. Elle est prise entre ses convictions et ce qu’elle pense être son devoir de protéger ses enfants, son père. On est dans une Europe qui voit l’arrivée au pouvoir de gouvernements dits « libéraux ». Une Europe qui pourrait être protectrice. Mais apparaissent des polices particulières.
C’est la fabrique du mensonge : on supprime la vérité et on enferme ceux qui pourrait la dire, la défendre : les scientifiques, les enseignants ...
La lecture est parfois ennuyeuse. La description détaillée de la vie quotidienne de la mère, les tâches qu’elle doit assumer.
La mère c’est la vie, mais ce n’est pas pour autant très optimiste.
On se demande combien de temps dure l’action. Au début du roman le bébé vient de naître, il a deux ans quand il se termine.
L’auteur nous enferme dans la tête de cette femme, d’où ce sentiment d’enfermement. Malgré tout captivant. Il crée une atmosphère particulière avec une écriture particulière : accumulation de petits faits, des phrases courtes ...
L’autoritarisme de la mère finit par se retourner contre elle. Tous les problèmes du quotidien continuent et s’accumulent. C’est en quelque sorte une « mère courage ».
Tout finit par se désagréger ; les relations familiales, leur engagement...
Dans le récit, une grande place est accordée aux rêves, aux cauchemars. C’est la guerre civile.
En résumé, c’est un sacré bouquin. Ce n’est pas joyeux ; c’est la destruction de leur monde. De notre monde.
L’auteur fait un pont avec le passé de l’Irlande : le camp où sont enfermés les opposants c’était la prison où on enfermait les indépendantistes.
AUTRES LECTURES
Pour se changer de Paul Lynch, une lecture plus légère, pleine d’humour :
« Bristol » le dernier livre de Jean ECHENOZ.
« Les enfants endormis » Anthony PASSERON.
L’auteur croise deux histoires : celle de l’apparition du Sida dans une famille de l’arrière pays niçois (la sienne) et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains;
Un texte de François CHENG : » Réflexion sur le Cosmos ». « Ma nuit au Cap de la Chèvre »
Un échange à propos d’un livre sur l’intelligence artificielle .
Un logiciel permet de fabriquer des tableaux, de photos. Mais est-ce que la machine peut traduire des émotions ? Serait-elle capable de fabriquer un poème ?
En fait ce sont les connexions qui rendent possible la réalisation d’un poème.