ATELIER179
Lundi 22septembre 2025
Lecturesd’été
Pour cepremier atelier de l’année 2025/2026 nous étions entre membres de l’annéeprécédente à l’exception de ceux qui ne se sont pas réinscrits ou qui nepouvaient pas venir. Nous étions donc une petite dizaine. La variété deslectures des uns et des autres montre bien la diversité de nos goûts ce quinous promet une riche année.
Unepremière lectrice nous dit l’intérêt du dernier Irène Frain L’Or de la nuit Au toutdébut du XVIIIe siècle, le voyageur et orientaliste français Antoine Gallanddécouvre le texte anonyme d'un conte arabe, "Sindbad le marin" puisplusieurs manuscrits de contes attribués, eux, à une inconnue nomméeSchéhérazade. Il les traduit, les revisite, les réinvente et les publie sous letitre "Les Mille et Une Nuits". Irène Frain brosse une galerie depersonnages dont la présence s'imprime d'emblée dans l'imaginaire. Beau roman,porté par la conviction que la vraie vie, c'est la littérature qui l'invente. Mêmeenthousiasme pour Au soir d’Alexandrie de l’égyptien Alaa El Aswany. Alexandrie fin des années 1950, une bande d’amis divisés faceà l’actualité et au leader charismatique Gamal Abdel Nasser. Qu’adviendra-t-ilde ces femmes et hommes épris de justice, de beauté et d’amour, acquis àl’illusion de cette ville cosmopolite et tolérante ? Autres romanshistoriques Les guerriers de l’hiver d’Olivier Norek et Le train desenfants de Viola Ardone plus classiques dans la forme maisintéressants. Le premier traite de la guerre entre la Finlande et l’URSS,l’autre d’un fait moins connu nous fait suivre unenfant, Amerigo, qui quitte son quartier pour monter dans un train avec desmilliers d’autres enfants du Sud. Il traversera toute la péninsule et passeraquelques mois dans une famille du Nord : une initiative du parti communistevouée à arracher les plus jeunes à la misère après le dernier conflit mondial.
Autreslectrices autres livres. Mon vrai nom est Élisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différentsgenres : l’enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l’essai. À traversla voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploientdifférentes histoires, celles du poids de l’hérédité, des violences faites auxfemmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d’une famille nombreuse et bourgeoiserenfermant son lot de secrets. La relecture du chef d’œuvre de NormanMailer Les nus et les morts dans une nouvelle traduction n’apporte riende nouveau à ce qui reste un très grand roman. Avec Juste après la vaguede Sandrine Colette on change du registre historique pour une situationimaginaire très dramatique peut-être trop. On revient au contemporain avec JrDos Santos et ce Protocole Chaos qui n’est pas un roman mais un ouvragedocumentaire un peu dépassé aujourd’hui (sur les liens Trump-Poutine). Enfin AlexeïNavalny a entamé la rédaction de Patriote peu après son empoisonnementen 2020. Une dernière lettre au monde d`un résistant politique qui a payé de savie le prix de ses convictions. Ce gros livre est l`histoire de sa vie.
Avec Portrait dun homme heureux l’académicien Orsennanous délivre une biographie du créateur des mille hectares de jardin deVersailles mais surtout un dialogueentre cet « homme heureux » et Louis XIV. Le court et très intéressant roman Arabe d’HaïmaDecharrière a pour héroïne une jeune femme française de vingt-huit ans,Maya, fille unique de pharmaciens à Cannes. Un matin sans en saisir la cause, Maya seréveille en parlant et comprenant parfaitement l'arabe.Une découverte qui vabouleverser sa vie, celle de son entourage et la pousser à réfléchir sur sonidentité, ses origines, ses goûts, ce qu'elle est et croit être. La lectricesuivante nous fait découvrir Antoine Choplin auteur de plusieurs livres parusaux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix deslibrairies Initiales) et Nord-Est. Radeau sepasse en 1940 en pleine débâcle, Louis, au volant d'un camion, fuit devantl'arrivée prochaine des Allemands. Sa cargaison est précieuse. Il transportedes tableaux du Louvre qu'il faut mettre à l'abri. Sur la route, il dépasse unefemme. Les consignes du plan "Hirondelle" sont strictes. Il ne doitpas s'arrêter. Et pourtant...Nord-Est est le récit d'une expédition entre fable etwestern métaphysique. Des hommes et des femmes ont le choix de quitter un camp,enfin libres. Si la plupart restent sur place, d'autres, sous l'impulsion deGarri, décident de partir à pied. Il leur faudra franchir des plateaux, desvillages dévastés et de hautes montagnes. Avec Trouver refuge nous retrouvons unauteur bien connu, Christophe Ono-dit-Biot, et le roman d’imagination. Un soir,Sacha et Mina décident de fuir la France avec leur petite fille Irène. Ilslaissent derrière eux un pays qui a plongé dans le nationalisme, l'ignorance etl'intolérance, dirigé par un nouveau président qui a lancé des hommes aprèseux. Quel secret explosif veut-il protéger ? Pour se mettre à l'abri, ils ontle projet insensé de rejoindre le mont Athos. Espérons qu’il ne s’agit que d’une fable.
Avec FinistèreAnne Berest poursuit son exploration des transmissions invisibles et sesinterrogations sur la transgénéalogie ; de quoi hérite-t-on nous desgénérations passées ? À chaquevacances, nous quittions notre banlieue pour la Bretagne, le pays de mon père,celui où il était né, ainsi que son père - et le père de son père, avant lui.Le voyage débutait gare Montparnasse, sous les fresques murales de Vasarely,leurs formes hexagonales répétitives, leurs motifs cinétiques. Avec Unsi long après-midi nous découvrons une autrice, Inga Vesper, née allemandeet vivant à Glasgow. Dans un quartier riche et ensoleillé de Los Angeles, toutsemble parfait. Mais la perfection n’existe pas, et là où il y a soleil, il y aombre. Secrets et tragédies se cachent à chaque coin de rue. Dans une veine quirappelle « La Couleur des sentiments » ou « Desperate Housewives », « Un long,si long après-midi » est un premier roman époustouflant au cœur d’une Amériqueasphyxiée par son sexisme et son racisme ordinaires. Nouspassons ensuite à Camille De Peretti dont nous avions lu plusieurs romans. L’inconnuedu portrait nous parle d’une oeuvre du célèbre artiste autrichien Gustav Klimt. En 1996, une jeune étudiante en art découvreque le « Portrait d'une Dame » de Klimt est en fait un repeint. Alors que toutle monde pensait que le « Jouvencelle » et le « Portrait d'une Dame » étaientdeux tableaux distincts et que le premier avait disparu, il s'agit en fait dumême portrait, peint en 1910, puis remanié en 1917 par l'artiste pour desraisons inconnues. Superbe roman bien documenté et écrit avec talent. Que direensuite du roman de Lionel Duroy Un mal irréparable qui nous faitconnaître une déportation peu connue. Frédéric Riegerl, le personnage principal dulivre, est un écrivain à succès qui vit et écrit aux États-Unis. Asoixante-quatorze ans il décide d'entreprendre une enquête sur ses originesroumaines. Il se rend compte que ses parents ne lui ont pas dit toute la véritésur son histoire et se sent coupable de son insouciance. Nous plongeons dans lapériode avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale dans une familleavec une mère d'origine moldave et une père d'origine austro-hungrois. On suitles parents de Frédéric à Czernowitz, à Braila, à Orsova, puis ceux-ci sontdéportés dans le Baragan,l'année 1951.
Pour terminer ce sont deux romans quiportent dans leur titre le nom de Jérusalem. De l’autrice israélienne SaritYishai-Levi, une journaliste, The Beauty Queen of Jerusalem est un romansur plusieurs générations. Une malédiction semble avoiratteint la famille Ermoza : aucun des hommes ne se marie avec la femme qu'ilaime. Même David, le mari de Luna, la « Belle de Jérusalem » que toute la villecourtise, ne peut en réalité oublier son amour perdu. Quand la tragédie frappe,Gabriela, la fille de Luna, découvre les secrets et mensonges qui lient lesfemmes de sa famille depuis plusieurs générations.Sur fond de bouleversementshistoriques, de la gouvernance turque à la création de l'État d'Israël,l'histoire de femmes qui font preuve de résilience face à un destin souventdéchirant. Avec J’étais roi à Jérusalem nouschangeons de camp mais pas de lieu. L’autrice Laura Ulonati est une collégueprof agrégée en Charente. Librement inspiré des mémoires de WasifJawhariyyeh, joueur d'oud palestinien,le roman de Laura Ulonati donne voix àJérusalem, Terre sainte déchirée par une entaille politique en 1948 jamaiscicatrisée, mais dans laquelle la vie fut joyeuse, bariolée, pleine depromesse, de musique et de senteurs.
Le compte-rendu ci-dessus porte survingt ouvrages mais nous avons échangé sur plus de lectures. Je n’ai retenu queles principales.
Pour le prochain atelier
Le prochain atelier est programmé pourle lundi 20 octobre 15h30. Au programme Kholkoze le dernier livre d’EmmanuelCarrère